RDV VERNIMMEN - 07.05.2020

Liquidité et solvabilité durant la crise sanitaire

La demande des commerçants obligés de fermer boutique que leurs loyers soient annulés et pas seulement reportés par leurs propriétaires illustre la différence entre la solvabilité et la liquidité, mais aussi la différence entre la crise financière de 2008 et la crise sanitaire actuelle liée au coronavirus.

Suspendre temporairement le paiement de certains loyers, c’est aider la trésorerie des locataires. Les annuler exceptionnellement, c’est aider la trésorerie et la solvabilité des locataires qui font ainsi disparaître une charge, réduisant leurs pertes et atténuant ainsi l’impact négatif de celles-ci sur le montant de leurs capitaux propres, évitant de trop dégrader leur solvabilité.

Rappel. La solvabilité mesure la capacité d’une entreprise à faire face à ses dettes en cas de difficultés. Elle se mesure par l’importance des capitaux propres par rapport aux dettes nettes et par la qualité liquidative des actifs.

Crise financière de 2008 : crise de liquidité. En 2008, la dégradation de la solvabilité des banques, parce qu’elles étaient soupçonnées de détenir des actifs perdant de leur valeur (les crédits subprimes), a entraîné une crise de liquidité quand les prêteurs ont cessé de prêter aux banques, qui à leur tour ont fortement réduit, pour les plus atteintes, leurs prêts aux entreprises. Mais pour les entreprises, la crise de liquidité ne s’est pas traduite par une crise de solvabilité car, sauf exception, l’activité économique des entreprises ne s’est pas effondrée, et si les résultats ont pu baisser, ils ne sont pas devenus massivement négatifs.

Crise sanitaire 2020. Aujourd’hui, il existe à la fois des problèmes de liquidité pour certaines entreprises et des problèmes de solvabilité. Un arrêt de l’activité, avec des coûts fixes en face, va en effet entraîner, soit des pertes qui vont ronger les capitaux propres, et pour les entreprises qui n’en ont pas assez, des capitaux propres négatifs, nécessitant alors des injections rapides de nouveaux capitaux propres, soit des conversions de dettes en capitaux propres, soit des faillites.

Lors de la reprise de l’activité, certaines entreprises auront du mal à bénéficier de crédits fournisseurs, car leurs fournisseurs auront des doutes sur leur solvabilité et ne voudront pas prendre le risque de livrer et de ne pas être payées.

Le problème de solvabilité est transféré du locataire au propriétaire, des entreprises qui mettent des salariés au chômage partiel pour limiter les atteintes à leur solvabilité à l’État qui les prend à sa charge.

Perte de valeur au niveau global. Comme il y a une perte réelle dans l’économie, puisque des richesses qui devaient être produites ne le sont pas, la perte de valeur au niveau global ne disparaît pas pour autant. Au mieux, elle est mutualisée et supportée par ceux qui le peuvent financièrement, les actionnaires qui apportent des capitaux à risques : les capitaux propres. D’où la baisse des cours des actions qui, au niveau mondial, était de l’ordre, au point bas boursier du 21.03.2020, de 30 000 Md$ depuis le 1er  janvier (-32 %).

Après un tel choc, nous pensons que les banques centrales devront annuler une partie des dettes qu’elles détiennent sur les États. Sinon la reprise d’activité sera obérée par les craintes de hausses d’impôt pour faire face à une dette massivement accrue des États qui pourraient avoir des difficultés à se financer à des conditions normales dans le nouveau monde dans lequel nous sommes entrés.

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